Trop tôt. Les talons trainant au sol, Capri commence une ronde le long de la forêt. Le truc, c’est que d’habitude, il fait bien comprendre qu’il veut être d’après-midi, que le matin, il doit dormir. Dormir, le verbe le plus important de tout son vocabulaire. S’il pouvait, il vivrait dans son lit, dans un sommeil profond. Malheureusement, il faut payer les factures, et ce fichu prêt qu’il doit encore à Tom Nook. Et l’un de ses collègues ayant décidé d’attraper la grippe, il fallait le remplacer. Son emploi du temps se voit tout changé, pour plus d’une semaine. Et des matins, il doit faire des matins... Se lever avant 10h, pour lui, c’est comme la pire des tortures. Qu’il se couche tôt, ou non, c’est la même chose. Là, à peine 8h, il avance, les yeux à moitié fermés, le long des arbres. Dans son uniforme de garde faune, les cheveux ébouriffés, qu’il n’a pas pris le temps de coiffer. Mieux valait gagner quelques précieuses minutes de sommeil. Les cernes marqués, autant que la trace de son oreiller encore présente sur sa joue. Au pas, il s’endort même encore, quelques secondes, avant de se réveiller soudainement. Mais sa tête retombe, et il finit par zigzaguer. Finalement, il s’arrête près d’un arbre, après s’être assez éloigné de la ville. Il vérifie qu’aucune âme ne puisse le suivre, ou s’être approchée. La voix semble libre. Le soulagement se lit sur son visage, alors qu’il s’installe, s’asseyant sous les branches. C’est devenu une sale habitude depuis qu’il est là. A chaque fois qu’il est de service, il fait en sorte de se retrouver seul, sans partenaire, pour se planquer et s’endormir tranquillement. La médaille du meilleur employé ne lui reviendra certainement pas. Quoi que, faudrait-il déjà que quelqu’un s’aperçoive de sa connerie.  

Le dos contre l’écorce, encore fraiche ce matin, il peut enfin fermer tranquillement les yeux. C’est son moment préféré, dans sa journée de travail. Quand il peut se cacher, et faire la sieste. Enfin, là en l’occurrence, c’est plutôt terminer sa nuit. Ce qui ne l’empêchera pas de trouver un autre arbre bien caché, pour sa sieste en après-midi.  

Chalseu, être à part de l'île qui ne fait que se lever aux aurores peu importe le temps ou le moment. Même durant ses jours de repos, il s'en va faire une course alors que les oiseaux sont encore silencieux et que les habitants dorment probablement tous encore. Il en revient heureux, plus léger, prenant une bonne douche pour détendre ses muscles avant de se rhabiller plus confortablement et de partir cueillir quelques fruits en ce jour libre. Il ne fait que marcher pour lui, il est 8h et les premiers habitants les plus sociables tentent de l'aborder alors qu'il évite inlassablement la discussion avec un hochement de tête très poli ou d'un cadeau tel qu'un fruit. Cueillette vide, le filet était plein.

il soupire désespéré de toute cette sociabilité gerbante.

alors il se remet à la recherche de fruits et se cache pour quelques pompes en secret histoire de maintenir son programme de la journée. Les pêches, il adore ça autant que les pommes ou les noix de coco. Parfois il est possible d'appercevoir chez lui un vague sourire lorsqu'il s'apprête à croquer un fruit et loin du regard de tous, le voilà prêt à savourer son petit moment de plaisir. Néanmoins Chalseu est toujours dérangé par quelque chose ou quelqu'un, et par ailleurs ce matin, ce sont des ronflements qui se mettent à irriter ses tympants.

- Espèce de.. !
- Vil ! Sale !

le jeune coréen s'avance doucement, mâchoire serrée tout comme ses poings. Lorsque son regard se pose sur Capri, il soupire a nouveau de désespoir avant de lui lancer sa pêche mordue en pleine tête.

- AH ! Encore toi ! Tu crois que dormir sur son lieu de travail est permis peut-être ?! Je vais t'en donner moi du travail !

Chalseu s'avance encore plus, le prenant par le col afin de le secouer. Si Capri pensait pouvoir passer une bonne matinée bien tranquille, il se trompait.

Il reprend sa nuit en main. Lui, rien ne l’empêchera jamais de dormir. Même à côté d’un train à pleine vitesse, même si la fin du monde était en train de rayer toute vie sur terre. S’il est fatigué, il dort. Qu’importe le moment, le lieu, quand ses paupières sont lourdes, il leur obéit. Alors il s’était rendormit, là, aux pieds de cet arbre, dans le calme et la fraicheur du matin. Il commençait même à ronfler, ignorant qu’une âme, et pas n’importe laquelle, passait par là... “ Espèce de.. !  Vil ! Sale ! “ Gné ? Il n’émerge pas vraiment le bouclé. Un filet de bave s’échappant d’un coin de ses lèvres, il tente bien d’ouvrir un œil, mais le sommeil est plus fort que lui. Alors il grimace, comme si le son de la voix qui semble se rapprocher de lui, le dérangeait profondément.  

_ “ ZzzzzZZzzzz trop de bruit... ZZzzzzZZzz. “

Marmonne-t-il encore dans les bras de morphes. Jusqu’au choc ! Un truc le frappe en plein visage, le réveillant en sursaut. Il se raidit alors que ses bras et ses jambes se lèvent machinalement, pour retomber lourdement contre le sol. Ses yeux sont ouverts cette fois, en grand, alors que le vert de ses prunelles, croisent les reste d’une pêche qui roule au sol. Sa première réaction, est de lever le regard vers l’arbre qui l’abrite. Est-ce lui qui vient de le réveiller ?

_ “ Faut pas faire du vent comme ça, tu vas tout déranger la forêt ! “

Il fronce les sourcils, comme si l’arbre pouvait l’entendre. Puis... Une ombre vient cacher son visage du soleil. Il repose son attention droit devant lui... Et à nouveau son visage se raidie. C’est l’autre espace de chats aux poils hérissés. Ce gars, on ne sait pas pourquoi, il en a après Capri. Comme si lui mener la vie dure était une sorte de jouissance. Ni une, ni deux, notre chevreau aux boucles parfaites se relève près à s’enfuir. Oui, fuir devant l'ennemi, c’était certainement lâche, mais Capri n’avait rien d’un violent. Alors tenir tête à son agresseur, il en était incapable.  “ AH ! Encore toi ! Tu crois que dormir sur son lieu de travail est permis peut-être ?! Je vais t'en donner moi du travail !  “

_ “ Héééééééé ! “

Dans un dernier acte de désespoir, Capri empoigne la pêche qu’il essai de lancer sur Chalseu, mais il est loin d’être bon à la visée, sans son filet. Alors la pêche finie sur les pieds du Coréen, qui a le temps d’attraper le britannique par le col.  

_ “ Mais, repose moi, t’es pas bien ! T’as mal dormi, t’es levé du pied gauche ! “

Il se débat en tirant sur les doigts de Chalseu pour se défaire de son emprise, et il finit les fesses au sol, douloureusement. Il grimace, une légère larme au coin d’un œil.  

_ “ Tu m’as fait mal ! Et à réveiller les gens comme ça, ils peuvent mourir ! “

Probablement pas, mais lui, oui ! Les sourcils froncés, il pose ses yeux sur Chalseu... Comme pour le défier. Un petit moment. Juste assez pour détourner son attention et... Se relever rapidement pour courir, courir vers la forêt et s’enfuir le plus vite possible. Mieux valait se fatiguer à courir que de subir les séances de pompes qui l’attendent s’il reste à la Mercie de ce fou des pectoraux. Puis il trouvera bien un buisson pour se planquer et se reposer après tant d’effort surhumain. Le voilà qui court comme un fou dans les sentiers, oubliant presque qu’ici, il y a des tarentules !

_ "trop de bruit, trop de bruit ! Non mais !"
nez retroussé, Chalseu l'observe de ses yeux perçant, agacé par le comportement du poilu face à lui.

Chalseu évite de justesse la pêche qui tombe au sol, cette délicieuse pêche qu'il rêvait de savourer depuis toute la mâtiné. Fruit qui va pourir, fruit gâché, il soupire regardant le brun avec médisance. Ce n'est pas qu'il ne l'aime pas, ou peut-être que si, il ne sait pas vraiment Chalseu. Il est compliqué comme âme.

_ "du pied droit espèce d'empoté !"
répond le chat, encore plus en colère.

La chèvre à terre, Chalseu l'observe en croisant les bras contre son torse à la recherche d'une probable raison pour l'apprécier. Mais il ne trouve rien, trop paresseux et moue à son goût. Son père deviendrait fou à le voir s'obstiner avec une âme aussi faignante. Mais soudain il écarquille les yeux à le voir courir jusqu'aux sentiers, presque impressionné de sa vitesse et son enthousiasme à s'enfuir. Mais Chalseu se souvient bien de cet endroit, équarquille encore plus les yeux en passant ses doigts dans ses cheveux.

_ " mais quel fou ! "
_ " AAAAH ! pourquoi ça tombe sur moi ? je dois aller sauver cet idiot maintenant ! "

finalement Capri ne courait pas si vite, en quelques pas de son mètre 80, il le rattrape vivement en quelques secondes à peine. Col attrapé, main contre la bouche du brun qu'il traine derrière un arbre. On ne sait jamais vraiment quand elles apparaissent ces sales bêtes. Au fond, Chalseu se maudit d'être tombé sur une fois de plus sur la chèvre endormie qui ne fait qu'avoir que des look étrange alors que lui est dans son total univers de sportif bien repassé.

doucement et pas à pas, il emmenait avec lui l'empoté tout en lui ordonnant de se taire. Si d'autres voyaient la scène, ils pourraient croire à un enlèvement bien étrange d'un comportement poussé par l'alcool quand Chalseu se met à boire un peu trop. Mais non, on dit que les chats ont peur des bêtes avec autant de pattes et Chalseu n'y fait pas exception malgré ses gros bras.

_ " c'est bien de courir tête de poire, mais pas ici !"

agressif le gamin, comme toujours quand il est en présence d'un paresseux.

Chalseu soutient son regard avec tant de... Haine ? Il avait l’impression d’être à ses yeux, l’être le plus détestable de la planète. Mais qu’avait-il bien pu faire pour mériter autant d’aigreur ? Rien de mal pourtant. Il n’a fait que dormir, tranquillement, sans gêner personne. Sans rien demander à personne. Ayant l’impression que le jeune coréen allait lui coller son poing dans sa belle figure, Capri grimace et ferme ses yeux, avant de parvenir à s’échapper des doigts du plus sportif des deux. “ du pied droit espèce d'empoté ! ”

_ “ L’expression, elle dit le gauche ! “

Réplique-t-il sans même savoir d’où lui venait ce peu d’entrain pour tenir, un tant soit peu, tête au chaton. “ Mais quel fou ! “ Non il n’est pas fou, enfin, pas tout à fait. L’endroit il le connait bien, c’est ici qu’il travaille. Et aussi surprenant que ce soit, protéger les tarentules est aussi une tâche qui lui revient. Puis persuadé qu’il peut parler aux insectes, il n’a aucune peur à s’engouffrer dans ces grands espaces verts. S’il croise un scorpion ou une tarentule, il lui fera la causette. Ça ne doit pas être bien différent des sauterelles. Il sautille presque entre les buissons, quand tout à coup, son corps repart en arrière. Chalseu l’a rattrapé, et manque de l’étouffer en plaquant sa main contre sa bouche. Sans trop comprendre comment, Capri se retrouve accaparé, le dos contre le torse du coréen qui semble très inquiet, les cachant derrière un arbre. “ c'est bien de courir tête de poire, mais pas ici !  “ Hoo... Alors que la main de Chalseu tombe, un petit sourire se dessine sur les lèvres du chevreau.  

_ “ TU AS PEUR DES TARENTULES ! “

Oui, parce que la discrétion ne fait pas vraiment parti du vocabulaire de Capri. Il s’exclame comme un enfant, fier d’avoir trouvé une faiblesse chez Chalseu, qu’il pensait sans peur. Alors s’écartant doucement du brun, il pose ses mains sur ses propres hanches, fièrement.  

_ “ Tu sais que si je leur dis de ne pas te faire de mal, elles ne feront rien ! Mais je peux aussi leur demander de se servir de toi comme dîner. “

Bah voilà, rien qu’à parler de dîner, son ventre cri famine. On l’entend qui gargouille. Il perd son joli sourire pour plaquer ses mains sur son estomac.  

_ “ Je vais adopter une tarentule, comme ça, fini les pompes ! “

Il se retourne, puis commence à fouiller dans les buissons, déjà parti à la recherche d’une tarentule. Sans filet, bonne chance...