Plic ploc.

Elles tombent, les gouttelettes, elles souillent le sol de leurs aspects mouillés, de leur tendre froideur. Derrière la fenêtre, Li observe ce manège incessant, mains jointes derrière le dos. Il fait les cent pas, il réfléchit. Ce n’est qu’un peu de pluie, rien de bien méchant ; le soleil bientôt reviendra, la bonne humeur le retrouvera, et les quelques courses pour le club seront effectuées simplement. N’est-ce pas ? Il quitte son point d’observation minutieux, file glisser les doigts dans les armoires peu fournies. Un t-shirt simple, blanc, une veste sombre, chaude, un jeans sans grande originalité, une paire de chaussettes et ses baskets. Une tenue discrète, qui ne paie pas de mine, mais qui convient parfaitement à sa vie de tous les jours. L’homme n’aime guère parcourir les boutiques de mode. À quoi bon ? Les prix sont souvent élevés pour son budget, et comme dirait sa mère « travailler, ce n’est pas participer à un défilé de mode ». Inutile d’avoir l’air d’un clown prêt à souffler une farce aux enfants, le sérieux, le pratique avant tout.

Lorsque habillé son torse se tourne vers la fenêtre, miroir de ses émotions présentes, un sourire fleurit enfin : la pluie s’est arrêtée, et le ciel s’est égayé. Il attrape rapidement son téléphone et son porte-feuille qu’il fourre nonchalamment dans les poches de son pantalon et file avant que les dieux ne changent d’avis sur son après-midi.

La boutique est rapidement rejointe, ça sent bon le sport et l’équipement neuf. Li souffle, heureux, dans son élément. Il est pourtant inutile de s’émerveiller, de paresser dans les rayonnages : sur un petit papier furent notés, très précisément, les articles à ne pas oublier. Ils sont dans son caddie, qu’il pousse vigoureusement vers les caisses. Il salue poliment le vendeur, règle ses achats, et quitte l’endroit. Pourtant Xue Li pestera contre cette chance qui bientôt le lâchera, enfant mécontent face aux cieux qui à nouveau se déchaînent, humour qu’il n’apprécie guère. Plic ploc, le retour de la pluie, plac plac, elle couvre ses cheveux d’une virulente et énergique manière. En un instant, l’éducateur prend sa douche et se dépêche sous les tonitruants flots. Une flaque accueille son pied maladroit, il couine ; l’eau rentre dans la chaussure, sensation terrible qui le désespère alors qu’il pense à la maladie qui, peut-être le prendra, qui sait ? Il ne peut continuer ainsi. Une lumière, pas si loin.

Il ne sait où il s’enfonce, Xue Li, mais il ne pleut plus. Il ne fait plus froid. La porte se referme durement dans son dos, il dégage les cheveux qui collent son front, chutent dans ses yeux fatigués. Un instant, une vérification ; les précédents achats vont bien. Il est sauf.